Encadré 9.1: Évaluer et minimiser les risques lors de l'utilisation d’UGC
Les photos et les vidéos qui émanent de régions du monde contre la répression et la violence politique, ou qui documentent des populations vulnérables, comportent des risques au-delà de la possibilité que le contenu ait été fabriqué ou manipulé. Dans ces situations, les individus derrière et devant la caméra peuvent faire face au risque d'arrestation, de harcèlement, à la torture ou la mort. Ce danger peut augmenter si les médias internationaux utilisent les images.
C’est le cas pour la révolution verte d’Iran du 2009, quand la Garde révolutionnaire islamique a utilisé des photos et des images vidéo fixes qu'ils ont trouvé en ligne pour cibler les manifestants et pour crowdsourcer leur identification, avec leurs actions, ce qui a fait frissonner la communauté militante.
L’exposition de l’identité expose les personnes au risque de représailles par les autorités répressives , et peut également conduire à la stigmatisation sociale, avec des propres conséquences potentiellement graves. Tout comme les agences de presse se conforment aux normes de protection de la vie privée, les journalistes devraient tenir compte de ces mêmes normes lors de l'utilisation des vidéos qui exposent les personnes vulnérables, en particulier si elle semble avoir été prise sans leur clair consentement.
Par exemple, en 2013 les réseaux en ligne américains et les organisations de défense des droits ont signalé une tendance alarmante d'abus ciblant les jeunes LGBT en Russie. Beaucoup de leurs articles intégraient des photos et des vidéos prises par les responsables des abus aux victimes - une exposition qui pourrait perpétuer la violence et la stigmatisation contre ces victimes.
Les journalistes et les autres acteurs ne devraient pas censurer des vidéo prises par des militants qui prennent connaissance de cause des risques de se exprimer ou de documenter leur communauté. Cependant, les journalistes devraient prendre des mesures de base pour identifier et minimiser les dommages causés à ceux qui peuvent ne pas être conscients de ces risques ou qui n’ont pas la capacité de donner un consentement claire de son enregistrement. Dans les vidéo de Russie, il est clair que les victimes n’ont pas consenti au fait d’apparaitre dans les séquences.
Evaluer préjudice potentiel
D'abord, vous devez évaluer si une image ou une vidéo pourrait causer des dommages aux personnes concernées. Les personnes sont-elle dans une zone dangereuse? Est-ce qu’elles risquent des représailles pour le partage de cette information, ou pour apparaitre dans la vidéo? Pouvez-vous supposer que les personnes montrées dans l'image/vidéo ont consenti d’être filmées?
S’il y a un risque réel de préjudice, vous avez deux options:
- Ne pas utiliser l'image/vidéo. Juste parce qu’elle existe ne signifie pas qu’elle devrait être partagée/diffusée/publiée. Nous pouvons couvrir le sujet par d'autres moyens, et l'utiliser comme information pour notre enquête.
- Flouter les visages. Les télévisions flouttent souvent les visages des personnes vulnérables quand ils diffusent leur image. Les photos peuvent être facilement modifiés. Pour les vidéos en ligne, vous pouvez re-télécharger la vidéo sur YouTube et utiliser sa fonction de flou du visage. Expliquée ici,l’outil a été créé pour protéger l'identité des sujets vulnérables dans les vidéos, et peut être trouvé comme une «Fonctionne supplémentaire» lorsque vous cliquez sur l'outil vidéo « Améliorations pour éditer une vidéo ».
Un credo des codes standards d'éthique pour les journalistes, les intervenants de crise et travailleurs pour les droits de l'homme est de minimiser les dommages. Prendre le temps d'évaluer et de minimiser les dommages aux personnes lors de l'utilisation des médias citoyens est une façon de mettre ce credo en pratique pour le journalisme au 21 siècle.